Observatoire des Pannes : Un outil contre l’obsolescence programmée des appareils
Promotrice d’une consommation responsable, attachée à la durabilité des produits, l’UFC-Que Choisir lance à la veille du Black Friday, symbole de l’hyperconsommation, notamment de produits high tech, son observatoire des pannes. Cet observatoire, qui s’inscrit dans le cadre d’un projet européen – le projet PROMPT -, permet grâce au signalement des consommateurs de leurs appareils trop vite usés, de détecter et d’agir contre les cas d’obsolescence programmée.
Plusieurs procédés contestables existent de la part des fabricants pour réduire artificiellement la durée de vie appareils obligeant à les remplacer plutôt qu’à les réparer (composants fragiles, pièces détachées indisponibles, pièces essentielles inaccessibles, obsolescence logicielle, etc.)… Du lave-linge au fer à repasser, en passant par le nettoyeur vapeur, le smartphone ou le téléviseur, l’ensemble des produits du quotidien peut être concerné. Ces pratiques sont aussi préjudiciables à l’environnement qu’au pouvoir d’achat. Dès lors, l’UFC-Que Choisir entend faire, avec l’aide des consommateurs, toute la lumière sur la réalité des abus afin de lancer les actions nécessaires : pression sur les fabricants, lobby auprès des pouvoirs publics, combats judiciaires.
L’observatoire des pannes combine tout à la fois service individuel et action collective. En effet, tous les consommateurs peuvent signaler très simplement (quelques minutes suffisent) via un formulaire les pannes rencontrées trop rapidement avec leurs appareils et obtenir, le cas échéant, des lettres-types et/ou conseils pour faire valoir leurs droits. Parallèlement, le recensement et l’analyse de tous les signalements par l’association doit lui permettre de déceler les cas problématiques, mener l’enquête via les tests comparatifs notamment, et d’actionner tous les leviers (lobby, actions judiciaires) pour lutter contre les cas d’obsolescence programmée. Alors que, dans le cadre du projet PROMPT, cet outil a été mis en place par plusieurs associations de consommateurs européennes, la mise en commun des signalements devrait permettre de démultiplier l’impact de cet outil.
L’UFC-Que Choisir appelle donc tous les consommateurs à se mobiliser et à signaler tous leurs appareils devenus trop vite inutilisables pour, ensemble, imposer une conception écoresponsable des produits
Aliments destinés aux enfants : Contre la malbouffe, le Nutri-Score s’impose !
Alors que deux ans après son introduction officielle, le Nutri-Score n’est présent que sur 5 % des produits1, l’UFC-Que Choisir a passé au crible2 des aliments industriels destinés aux enfants et démontre que si le Nutri-Score était affiché les parents écarteraient beaucoup de ces produits. Avec près d’un enfant sur cinq touché par l’obésité ou le surpoids3, il est plus que jamais indispensable de faire toute la transparence sur la composition nutritionnelle des aliments. C’est pourquoi l’Association appelle l’opinion publique à se mobiliser en signant la pétition d’initiative citoyenne européenne www.pronutriscore.org.
Afin de faire la lumière sur les caractéristiques nutritionnelles des aliments industriels couramment donnés aux enfants et alors que 82 % des consommateurs n’arrivent pas à lire le complexe tableau d’analyse nutritionnelle obligatoire4, l’UFC-Que Choisir a calculé le Nutri-Score pour une trentaine d’aliments et boissons de grandes marques parmi les plus vendus qui – à l’exception d’un seul produit5 – ne l’affichent pas sur leur emballage. Les résultats de cet examen sont déplorables.
Pour le petit déjeuner, à l’exception notable des céréales « Nesquik au blé complet » de Nestlé (notée Nutri-Score « B » vert clair), les produits phares que propose l’industrie alimentaire pour le goûter se révèlent trop caloriques. Les céréales « Chocapic » et « Lion » de Nestlé et « Coco Pops » de Kellogg’s sont ainsi notées « C ». La majorité des produits du petit déjeuner (biscuits pour petit déjeuner Prince de LU-Mondelez, céréales Frosties et Trésor de Kellogg’s) écope d’un « D », soit le même score qu’un croissant au beurre. Mais ce sont les « BN p’tit dèj » qui reçoivent la plus mauvaise note avec un Nutri-Score « E » équivalent à celui des gaufres fourrées au sucre !
Nutri-Score pour 9 produits du petit déjeuner destinés aux enfants
Un goûter équilibré, c’est mission quasi impossible !
Proposer un quatre heures équilibré aux enfants semble être inatteignable avec des aliments industriels. Certes les compotes « St Mamet » et « Pom’potes » sont classées Nutri-Score « A » et sont à ce titre les produits ayant la meilleure qualité nutritionnelle de notre échantillon. Mais si l’on cherche des aliments plus consistants pour « caler » les enfants, aucun produit de notre échantillon n’est à recommander pour une consommation quotidienne. Le score « D » est ainsi attribué au gâteau « Lulu l’ourson au chocolat », aux biscuits « Prince » de Lu-Mondelez, au gâteau « Savane au chocolat » de Brossard, ainsi qu’aux barres céréalières « Chocapic » et « Nesquik » de Nestlé. Les « bonnets d’âne » sont décernés aux crêpes fourrées au chocolat « Whaou », aux barres « Prince », aux « Dinosaurus » de Lotus, aux « Pépitos pockitos » au chocolat de Lu-Mondelez qui reçoivent un « E ». Les Pépitos se révèlent particulièrement caloriques car le sucre et les matières grasses représentent deux tiers de leur poids !
Nutri-Score pour 11 goûters destinés aux enfants
Boissons pour enfants : le Nutri-Score démystifie le « fruit-washing »
Dans notre échantillon, seules les bouteilles de Vittel (Nestlé) à destination des enfants récoltent un Nutri-Score « A ». En revanche, toutes les autres boissons de notre échantillon se révèlent mal classées sur le plan nutritionnel du fait de leurs teneurs élevées en sucre. « Fruit shoot tropical », « Fruit shoot fruits rouges » de Teisseire et « Heroic Kids framboise cassis » sont ainsi classés « D ». S’agissant plus particulièrement « d’Oasis » et « Capri-Sun », on doit dénoncer l’instrumentalisation de l’image des fruits sur les emballages. Alors que le véritable jus d’orange est étiqueté « C », ces boissons sucrées n’incorporent que 12 % de jus d’orange ou d’agrumes et écopent du Nutri-Score « E » en raison de l’ajout de sucre.
Les laits aromatisés quant à eux constituent un cas particulier : ils sont souvent donnés par les parents pour désaltérer les enfants, mais les nutritionnistes considèrent qu’il s’agit plutôt d’aliments et non pas de boisson. A ce titre, les donner en plus d’autres aliments, c’est un peu « double ration ».
Nutri-Score pour 10 boissons destinées aux enfants
Si notre étude démontre qu’à rebours des recommandations officielles, trop d’industriels continuent à saturer leurs produits de sucres et de matières grasses, elle souligne aussi que le Nutri-Score permet de faire comprendre en un clin d’œil leur mauvaise qualité nutritionnelle. Cet étiquetage n’étant qu’optionnel en raison d’une législation européenne, l’UFC-Que Choisir a lancé en mai une initiative citoyenne européenne pour obliger les instances européennes à rendre l’affichage du Nutri-Score obligatoire dans toute l’Union. Cette initiative lancée par l’UFC-Que Choisir au côté de 6 associations de consommateurs de six pays européens, a reçu le soutien de nombreux nutritionnistes, de sociétés savantes et de 15 ONG. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit à la fois de permettre un choix éclairé aux parents et d’inciter les industriels à améliorer leurs recettes. l’UFC-Que Choisir invite donc les consommateurs à rejoindre les 80 000 citoyens engagés qui ont déjà « voté » pour le Nutri-Score, en signant la pétition www.pronutriscore.org6.
Enquête auprès des médecins généralistes : Près d’un médecin traitant sur deux refuse de nouveaux patients
Alors que les députés s’apprêtent à examiner une nouvelle proposition de loi pour lutter contre les déserts médicaux, l’UFC-Que Choisir publie aujourd’hui les résultats alarmants d’une enquête menée auprès de 2770 médecins généralistes. Ce travail inédit jette un nouvel éclairage sur la problématique de la fracture sanitaire : il montre la grande difficulté pour de nombreux Français à trouver un médecin traitant, qui témoigne, si besoin était, de l’urgence d’une réforme de la répartition des praticiens sur le territoire. C’est pourquoi l’association appelle les parlementaires à instaurer un conventionnement territorial des médecins, et demande à la Ministre de la Santé des mesures d’urgence pour garantir à chaque Français l’accès à un médecin traitant.
44 % des médecins généralistes enquêtés refusent les nouveaux patients
L’enquête inédite menée par les bénévoles de l’UFC-Que Choisir en juin dernier a permis de contacter anonymement 2770 médecins généralistes, répartis sur tout le territoire, pour savoir s’ils acceptaient de nouveaux patients en tant que médecin traitant1. 44 % des médecins interrogés ont refusé notre demande, et 9 % supplémentaires ont déclaré qu’ils souhaitaient d’abord voir le patient avant de se décider. Nos enquêteurs ont constaté de grands écarts entre départements : si moins de 20 % des généralistes refusaient de nouveaux patients dans le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle et les Pyrénées-Atlantiques, le taux de refus grimpe à 70 % dans l’Allier, 78 % en Charente et même 86 % en Seine-et-Marne ! Quant aux motifs évoqués par les professionnels de santé enquêtés, 71 % déclarent avoir déjà trop de patients, quand 14 % arguent de leur départ prochain à la retraite. Comment s’étonner dès lors que près d’un Français sur dix n’ait pas de médecin traitant déclaré ?2
La France périphérique, nouveau visage des inégalités d’accès aux soins
Etonnamment, notre enquête montre que les difficultés les plus grandes ne se rencontrent pas dans les déserts médicaux les plus importants, mais davantage dans la France périphérique des communes moyennes. Ainsi, si le taux de refus est de 33 % dans les communes de moins de 3000 habitants, et de 34 % dans les communes de plus de 100 000 personnes, il grimpe à 52 % dans les villes de 10 000 à 100 000 habitants ! Un constat qui se confirme si l’on analyse les résultats en fonction de la densité locale de médecins : les refus sont moins nombreux quand l’offre de généralistes est nettement insuffisante (39 % de refus en moyenne) que dans les territoires où la densité est dans la moyenne (46 %)3. Ainsi, tout se passe comme si les médecins présents dans les zones rurales, sachant que les usagers sont privés d’alternative, avaient davantage de réticence à refuser des patients, pour ne pas les laisser démunis. A l’inverse, dans les déserts médicaux des villes moyennes, la présence de confrères, bien qu’en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de la population, semble déculpabiliser les praticiens, qui refusent plus largement de nouveaux patients.
La pénurie de médecins traitants menace l’accès de tous aux soins de qualité
Cette situation est d’autant plus préoccupante que notre système de santé est organisé depuis quinze ans autour de la figure du médecin traitant, appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin. En conséquence, ne pas avoir de médecin traitant expose les usagers à une forte pénalisation de leurs remboursements de soins ; encore faudrait-il qu’ils soient en mesure d’en choisir un ! Cette carence est en outre le symptôme d’un problème plus large de mauvaise répartition des médecins sur le territoire du fait d’une liberté totale d’installation, dénoncée de longue date par l’UFC-Que Choisir, et par un nombre croissant d’acteurs (Cour des Comptes, Direction du Trésor, etc.).
Décidée à garantir un égal accès aux soins sur tout le territoire, l’UFC-Que Choisir presse les pouvoirs publics à agir enfin pour résorber les déserts médicaux qui s’étendent maintenant aux villes moyennes. L’association appelle ainsi les députés à adopter, la semaine prochaine, la proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention, qui, par l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, amènerait les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population. Par ailleurs, l’UFC-Que Choisir demande à la Ministre de la Santé de mettre fin à la pénalisation financière des usagers sans médecin traitant, devenue inique dans les nombreux territoires en pénurie de médecins, et à organiser d’urgence un système de désignation d’un médecin traitant à chaque usager qui en fera la demande.
Démarchage téléphonique en assurance : Les associations de consommateurs ont été entendues
Après trois mois d’intenses négociations, le Comité consultatif du secteur financier a adopté aujourd’hui un avis pour que cessent les pratiques toxiques du démarchage téléphonique en assurance. A compter du 1er juillet 2020 au plus tard, les professionnels s’engagent à mettre un terme au harcèlement téléphonique, à avancer vers un consentement moins équivoque des consommateurs sollicités et à faciliter la résiliation des contrats ainsi souscrits. Les associations AFOC, Familles Rurales, UFC-Que Choisir et UNAF se félicitent de ce premier pas en direction d’un arrêt rapide et pérenne des pratiques frauduleuses dont elles s’assureront de l’effectivité.
Harcèlement téléphonique : la ligne devra être coupée !
Le démarchage téléphonique est une technique de vente aussi exaspérante que dangereuse. Prenant au dépourvu les consommateurs, la relation commerciale qui en découle est irrémédiablement viciée. Au regard de la complexité des contrats d’assurance, cette pratique est à l’origine d’un nombre considérable de plaintes au sein de nos structures, provenant notamment des personnes âgées et/ou isolées.
Grâce à notre mobilisation, les assureurs et les courtiers se sont engagés à remettre à plat leur processus de vente. A l’issue de la présentation de l’information précontractuelle aux prospects (annonce du caractère commercial de l’appel, description du produit, etc.), les démarcheurs auront l’obligation de s’assurer que les consommateurs souhaitent bien poursuivre la conversation. En l’absence de réponse positive, ils ne pourront insister, auront l’obligation de mettre immédiatement fin à l’appel et surtout devront s’interdire de rappeler.
Un appel, un contrat : une pratique aux oubliettes
L’avis adopté ouvre également la voie vers un consentement moins équivoque des consommateurs qui souhaiteraient souscrire une assurance après un démarchage téléphonique. En effet, la pratique « un appel, un contrat » sera strictement interdite : aucun contrat ne pourra être conclu dès le premier appel. Afin de respecter le délai minimal indispensable pour prendre connaissance de la documentation contractuelle et ainsi réaliser un choix libre et éclairé, les démarcheurs ne pourront rappeler uniquement à l’issue d’un temps de réflexion de 24 heures après sa réception.
Source de nombreux détournements, la souscription à l’oral d’un contrat (lecture d’un code SMS, répétition d’une phrase) est destinée à disparaître. De même, le seul paiement de la prime d’assurance ne pourra plus constituer une preuve de l’accord du consommateur. Ainsi, le consentement écrit, par nature plus sûr, s’affirmera comme l’unique standard.
Enfin, les assureurs et les courtiers ne devront pas proposer un contrat pour un risque déjà couvert lorsque le consommateur ne peut résilier son précédent engagement. Si cette disposition est la stricte application de leur devoir de conseil, elle est indispensable compte tenu de la quantité des manquements rencontrés.
Résilier son contrat par courriel : simple, rapide et efficace
L’accord conclu permettra enfin aux consommateurs de résilier plus aisément les produits d’assurance souscrits après un démarchage téléphonique. Alors que les victimes de pratiques frauduleuses s’aperçoivent plusieurs semaines après l’appel qu’ils sont titulaires d’un contrat, les distributeurs devront leur adresser une « lettre de bienvenue ». Cette dernière alertera les clients de leur souscription, de l’existence du droit de rétractation et de ses modalités.
Alors que les professionnels imposent généralement l’envoi d’une lettre recommandée pour renoncer au contrat, les consommateurs pourront désormais se dédire par simple courrier électronique. Cette solution simple, rapide et efficace doit permettre d’assainir au plus vite le secteur.
Dans l’attente d’une interdiction du démarchage téléphonique et alors que les demandes des associations représentant les consommateurs et les familles, ont été entendues dans l’avis du Comité consultatif du secteur financier, nous restons mobilisées et entendons veiller à l’effectivité des engagements des professionnels.
Fraude à la carte bancaire : Pas de report pour rembourser les consommateurs
A deux jours d’un bouleversement de la règlementation anti-fraude bancaire, rendant obsolète l’envoi du seul code reçu par SMS pour authentifier les paiements à distance, l’UFC-Que Choisir dénonce la consternante impréparation des banques et du e-commerce. Alors que la Banque de France pilote un plan de migration qui leur offre trois ans pour être en conformité avec la loi, un report du droit des victimes de fraude à être remboursé immédiatement serait inacceptable. En conséquence et sur le fondement d’une enquête qui démontre que les banques rechignent à les indemniser, l’association saisit les pouvoirs publics et met à la disposition des consommateurs des outils pour leur permettre de faire valoir leurs droits.
Nouvelle réglementation : pas de report pour les droits des consommateurs
Face à l’explosion de la fraude bancaire, qui consiste à débiter les comptes des consommateurs en détournant leurs moyens de paiement, l’Union européenne a souhaité rehausser leur sécurité. A compter du 14 septembre, les consommateurs devraient alors, en principe, pouvoir utiliser le dispositif d’authentification renforcée1 en lieu et place de l’envoi du seul code SMS (3D-Secure) pour les paiements à distance.
Ce délai ne sera pourtant pas tenu. Comment s’en étonner face au peu de zèle des professionnels à endiguer la fraude ? Rappelons qu’un e-commerçant sur quatre ne propose toujours pas de protocole de paiement sécurisé sur son site2. Plus grave encore, seulement 24 % des victimes sont prévenues par leur banque en cas de débit frauduleux3.
Quoiqu’il en soit, le plan de migration de la Banque de France n’a rien d’un report et encore moins d’un blanc-seing pour piétiner les droits des consommateurs. Dans deux jours, le 3D-Secure sera obsolète. Toutes les opérations contestées réalisées à l’aide de ce dispositif devront donc être immédiatement remboursées, sauf fraude du client. En plus d’être conforme à l’avis du régulateur européen4, une telle disposition est indispensable pour inciter les banques et les e-commerçants à adopter avec diligence le nouveau standard de sécurité.
Fraude bancaire : en hausse de 36 %, record battu avec plus d’un milliard d’euros en 2018
La stricte application de la réglementation européenne est d’autant plus impérieuse que la fraude bancaire connaît un essor aussi brusque que révoltant. Pour la seule année 2018, elle a bondi de 36 % pour atteindre plus d’un milliard d’euros5. 1,2 million de ménages ont ainsi été escroqués sur un an, soit une hausse de 144 % depuis 20106, pour un coût moyen de 860 euros par foyer victime !
Sans surprise, les paiements à distance sont les moins sûrs. Au niveau national, ils sont sept fois plus fraudés que les retraits en distributeurs et dix-sept fois plus risqués que les paiements en magasin7. Pire, alors que le e-commerce représente seulement 15 % des opérations par carte bancaire, ce secteur concentre à lui seul 70 % des fraudes !
Remboursement de la fraude : notre enquête montre que les banques trainent toujours les pieds
Si les banques sont tenues de rembourser immédiatement les victimes, sauf cas de négligence ou de fraude des clients, 20 % des escroqueries ne sont jamais indemnisées8 ! Derrière cette pratique inacceptable, notre enquête9 démontre que l’envoi du SMS pour authentifier les paiements (dispositif 3D-Secure) constitue un véritable alibi pour limiter les remboursements.
Bien qu’il revienne aux banques d’établir la faute de leurs clients, 42 % des sondés ont dû fournir des justificatifs pour démontrer leur bonne foi. Une gageure alors qu’ils ignorent souvent l’origine de la fraude. Les mauvaises habitudes ont également la vie dure : en dépit de toute obligation légale, deux sondés sur cinq ont dû déposer plainte pour espérer être remboursés. Au total, être indemnisé relève donc du parcours du combattant : en moyenne 21 jours pour notre échantillon !
Soucieuse de garantir le plein respect des droits des consommateurs en cas de fraude bancaire, l’UFC-Que Choisir :
- Met à leur disposition un arbre décisionnel quant à la conduite à tenir en cas de fraude, deux lettres types de réclamation (ci-dessous) et rappelle que son réseau d’associations locales peut les accompagner ;
- Appelle les victimes à lui signaler toutes fraudes non-indemnisées à l’aide d’une fraudebancaire@quechoisir.org ;
- Demande aux professionnels de mettre en œuvre un mécanisme d’authentification forte de substitution gratuit pour les consommateurs qui ne disposent pas de smartphone ;
- Saisit l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) pour que, face à l’explosion des cas de non-remboursement de fraude, elle contrôle la bonne application de la loi ;
- Appelle les parlementaires à adopter un cadre juridique strict permettant de sanctionner les manœuvres dilatoires des banques.
Sur-marges sur les fruits et légumes bio : La grande distribution matraque toujours les consommateurs !
Deux ans après la publication d’une étude économique pointant les sur-marges de la grande distribution sur les fruits et légumes bio1, l’UFC-Que Choisir dénonce aujourd’hui la persistance de cette déplorable politique, dommageable pour le pouvoir d’achat des consommateurs et l’environnement. Afin de faire (enfin !) toute la lumière sur l’ampleur de la pratique, l’Association presse l’Observatoire de la Formation des prix et des marges de publier les niveaux de marges par enseigne et par rayon. Au niveau individuel, sur la base d’une enquête de terrain publiée dans le numéro 583 de Que Choisir, actuellement en kiosque, l’association conseille aux consommateurs de faire jouer la concurrence car la grande distribution n’est pas systématiquement meilleur marché que les magasins spécialisés bio.
Face aux alertes sur les risques sanitaires et environnementaux des pesticides, les consommateurs français se tournent de plus en plus vers les produits biologiques (+ 36 % sur les deux dernières années2). La grande distribution ayant encore renforcé sa part de marché sur le bio3 sur cette même période, l’UFC-Que Choisir a souhaité réactualiser son étude sur les « marges du bio ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que les marges des fruits et légumes bio restent toujours en travers de la gorge.
+ 83 %, + 109 %, + 149 %, les sur-marges se concentrent sur les produits les plus consommés
Sur la base des cotations officielles publiées pour 24 fruits et légumes4, l’UFC-Que Choisir dénonce le niveau exorbitant des marges brutes sur le bio : en moyenne, 75 % plus élevées qu’en conventionnel. Pire, cette moyenne masque de très fortes disparités selon les produits, et ce sont sur les plus consommés que la grande distribution se gave le plus. Si le niveau de marge en bio est équivalent au conventionnel pour l’oignon, l’ail ou la carotte, sur les 3 fruits et légumes les plus consommés (la pomme de terre, la tomate et la pomme) les marges brutes sont respectivement 83 %, 109 % et 149 % supérieures au conventionnel. La palme des sur-marges revient au poireau, où la grande distribution marge 2,5 fois plus sur le bio que sur le conventionnel (+ 165 %).
Sur-marges de la grande distribution : l’exemple de la pomme bio
Il faut arrêter de croire que la cherté du bio provient exclusivement du surcoût agricole… Ainsi, dans le cas de la pomme par exemple, alors que le prix agricole en bio est supérieur de 70 % au conventionnel, la marge brute de la distribution est deux fois et demie plus importante. Conséquence : un prix en rayon double pour le bio par rapport au conventionnel.
La grande distribution capte 41 % du surcoût du bio
Lorsqu’on cumule les prix des 24 fruits et légumes étudiés, le budget annuel pour un ménage français s’élève à 657 € pour le bio, contre 379 € pour l’équivalent conventionnel. Alors qu’une partie seulement de cet important écart tarifaire s’explique par les moindres rendements de l’agriculture biologique, pas moins de 41 % de l’écart est dû à la différence dans les marges appliquées par la grande distribution : 287 € en bio contre 173 € en conventionnel. Cette situation est d’autant moins acceptable qu’à ce jour, la grande distribution n’a produit aucun élément chiffré permettant de justifier une différence dans les frais de distribution entre le bio et le conventionnel (manutention, stockage, mise et pertes en rayon, etc.).
Marges de la grande distribution sur le budget annuel de fruits et légumes :
Par rapport à l’étude de 2017, la marge brute globale pratiquée par la grande distribution sur la consommation de bio n’a que très légèrement diminué (de seulement 6 %), démontrant l’absence de véritable inflexion dans les politiques de sur-marges. Car si le taux de marge5 est désormais légèrement inférieur pour le bio, il ne faut pas s’y tromper : pour les consommateurs, ce qui compte n’est pas le taux de marge, mais bien le montant de marge dont ils doivent s’acquitter. Comme le prix de revient agricole est bien plus élevé en bio, lui appliquer un taux de marge proche de celui appliqué aux produits conventionnels se traduit immanquablement par une marge en euros bien supérieure sur le bio !
Cette évolution permet en revanche de contredire l’argument des distributeurs selon lequel leurs marges seraient définies de manière fixe en fonction des seules contraintes techniques de mise en rayon, et montre qu’au contraire elles sont ajustées selon des logiques purement mercantiles. Or cette pratique est particulièrement coûteuse pour le budget des consommateurs : si la grande distribution appliquait au bio la même marge qu’en conventionnel, le budget annuel d’une consommation de fruits et légumes bio diminuerait de 18 %, soit 121 € d’économie par ménage6 !
Fruits et légumes bio : les magasins spécialisés moins chers que les grandes surfaces
La cherté du bio en grandes surfaces n’est pas une fatalité. Un récent relevé de prix réalisé par l’UFC-Que Choisir7 avec l’aide de ses bénévoles montre ainsi que les magasins spécialisés peuvent constituer un recours pour les consommateurs. En effet, bien qu’ils soient globalement plus chers que les grandes surfaces lorsque l’on prend en compte l’ensemble des produits bio, la situation est bien différente pour les seuls fruits et légumes, dont les prix s’avèrent 19 % moins élevés dans les magasins spécialisés8. Dès lors, et notamment compte tenu de la progression marquée du nombre de magasins spécialisés en France (416 points de vente supplémentaires au cours des deux dernières années, soit une progression de 18 %), la mise en concurrence par les consommateurs des différents modes de distribution pourrait pousser les grandes surfaces à adopter des politiques de marges plus raisonnables et donc favorables à la démocratisation du bio.
Sur la base de son étude, l’UFC-Que Choisir, souhaitant encourager la consommation du bio au vu de ses bénéfices sanitaires et environnementaux :
- Exhorte l’Observatoire de la formation des prix et marges à une transparence totale et salutaire en publiant les niveaux de marges par enseigne et par rayon (« naming and shaming »), dans le cadre de ses prochains travaux9 sur les produits de l’agriculture biologique ;
- Recommande aux consommateurs de faire jouer la concurrence entre les modes de distribution, afin de trouver les prix du bio les plus compétitifs.
Addendum du 27 août 2019
La publication de l’étude de l’UFC-Que Choisir sur les marges de la grande distribution sur les fruits et légumes bio a suscité de nombreux commentaires et, de la part des acteurs de la distribution, des critiques portant selon le cas sur la fiabilité des données utilisées, la méthodologie ou encore sur la manière de calculer la marge. Pour chacune de ces critiques, l’UFC-Que Choisir fait une mise au point.
- Quelle est l’origine des données utilisées pour l’étude de l’UFC-Que Choisir ?
Les acteurs de la distribution ne communiquant aucun niveau de marge, l’UFC-Que Choisir a utilisé pour son étude les cotations publiées de manière hebdomadaire par le Réseau des Nouvelles des Marchés (RNM), service dépendant de l’établissement public FranceAgriMer, office agricole sous tutelle du Ministère de l’Agriculture. Les données du RNM permettent de connaître précisément l’évolution et le niveau des prix de plus de 130 fruits et légumes conventionnels à cinq stades de la commercialisation : production, expédition, import, prix de gros et prix en rayon. Enfin, pour plus d’une vingtaine des produits les plus consommés, le RNM donne les prix des productions bio. Le RMN constitue par conséquent une source de données particulièrement fiables pour les fruits et légumes, à telle enseigne que ce sont les données qui sont utilisées par l’Observatoire de la formation des Prix et des marges des produits alimentaires pour déterminer les niveaux de marges sur les fruits et légumes conventionnels.
- Quelle est la méthodologie employée ?
La marge brute réalisée par un distributeur sur une denrée est la différence entre le prix de vente au consommateur (hors taxe) et le prix auquel le distributeur a acheté la denrée à son fournisseur. Si le RMN publie chaque semaine les prix en rayons des fruits et légumes, en revanche il n’est pas en capacité de connaître les prix d’achats de la distribution puisque ceux-ci sont évidemment confidentiels. C’est pourquoi, nous avons utilisé le prix expédition intégrant les opérations de lavage, de triage, de calibrage et de conditionnement, qui représente donc le mieux ce que coûtent les fruits et légumes à la grande distribution. Pour avoir des chiffres représentatifs sur une année et lisser les fortes variations que connaissent les cours des fruits et légumes, nous avons calculé pour chaque fruit et légume la moyenne arithmétique des cotations hebdomadaires pour le prix expédition et le prix au détail, sur un historique d’un an à partir des derniers chiffres publiés, c’est-à-dire pour la période allant de mai 2018 à mai 2019.
Pour calculer l’impact global des marges de la distribution sur le budget annuel des consommateurs, nous avons multiplié la marge relevée pour chaque fruit et légume, bio et conventionnel, par la consommation annuelle de ce produit pour un foyer français moyen (source : Interfel et Kantar Worldpanel). Nous avons retenu 24 fruits et légumes (abricot, ail, banane, carotte, chou-fleur, clémentine, concombre, courgette, endive, fraise, kiwi, melon, nectarine, oignon, orange, pêche, poire, poireau, pomme, golden, pommes de terre, prunes, raisin, salade, tomate) un échantillon qui représente pas moins de 88 % de la consommation globale de fruits et de légumes. Pour assurer l’homogénéité entre les prix expédition et les prix en rayon, nous n’avons retenu que les cotations nationales, excepté pour les produits pour lesquels les productions françaises sont très limitées ou inexistantes (oranges et clémentines). Pour 8 fruits ou légumes (banane, clémentine, endive, fraise, kiwi, orange, poire, raisin), certains prix bio n’étant pas disponibles à l’un des stades (expédition ou détail), nous avons alors appliqué dans ce cas de figure au produit bio la marge relevée sur le produit conventionnel correspondant -hypothèse favorable à la grande distribution-.
- Les taux de marge sont-ils proches voire identiques en conventionnel et en bio ?
Il faut tout d’abord souligner qu’aucun acteur de la distribution ne s’est aventuré à contester les montants de marges brutes que nous avons calculés, leurs défenses portant essentiellement sur l’idée que les taux de marges en conventionnels et en bio seraient similaires. Selon eux, les montants de marges seraient légitimement plus élevés en bio, puisqu’ils découleraient de l’application mathématique et rigide d’un coefficient unique (le taux de marge) à des prix agricoles plus élevés en bio. Pour mémoire, le taux de marge est un coefficient, exprimé en pourcentage, qui est égal à la marge appliquée par le distributeur sur un produit, divisée par le prix auquel le distributeur a acheté ce produit à son fournisseur.
Or en alimentaire il n’y a pas un taux de marge unique, mais autant de taux de marge que de produits. Rien qu’en conventionnel, les taux de marge varient énormément d’un fruit et légume à l’autre : allant de 69 % pour la nectarine à 239 % pour l’oignon. Mieux, quand on compare les taux de marge réalisés pour un même fruit ou légume en bio et en conventionnel, il apparaît que, contrairement aux affirmations de la distribution, ils sont généralement très différents. Si par exemple, les taux de marge sont inférieurs en bio par rapport au conventionnel pour l’oignon (73 % contre 239 %), l’ail (89 % contre 187 %) ou encore la carotte et le melon, à l’inverse ils sont supérieurs pour la salade (142 % contre 85 %), la pomme (121 % contre 82 %) ou encore la tomate et le poireau. Il apparaît donc que le taux marge rigide et automatique est un mythe et qu’au contraire, la logique à l’œuvre dans la détermination des différents taux de marge du bio consiste notamment à pratiquer les taux les plus élevés sur les produits les plus consommés (salade, pomme, tomate).
- Marge ou taux de marge : quel est l’indicateur le plus pertinent ?
Dans le cadre de la gestion d’une entreprise, le taux de marge est un indicateur très utilisé, qui a toute sa logique. Mais pour les consommateurs, l’impact des politiques de marges pratiquées par la distribution se mesure non pas en pourcentages de marge, mais bien en fonction du montant en euros de ces marges. Et l’UFC-Que Choisir n’est pas la seule à privilégier la marge : c’est également le cas de l’Observatoire de la formation des prix et des marges en alimentaire qui depuis de nombreuses années analyse la construction des prix alimentaires et la répartition des marges, non pas sous l’angle des taux de marges, mais bel et bien selon leur montant. Quant à ceux qui estiment qu’il aurait été préférable d’utiliser la marge nette (c’est-à-dire le bénéfice réalisé sur un produit donné), nous ne pouvons qu’être d’accord… si ces données n’étaient pas aussi confidentielles. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons demandé que l’Observatoire publie le niveau de marge nette par enseigne et par rayon.
Retrouvez la totalité de l’enquête dans le n° 583 de « Que Choisir » en kiosques actuellement ou sur notre site.
Nintendo Switch : Stop à l’obsolescence des manettes !
L’UFC-Que Choisir alerte sur les pannes récurrentes des manettes « Joy-Cons » de la console de jeux Nintendo Switch, qu’elle qualifie d’obsolescence programmée. L’association met donc en demeure la marque de réparer gratuitement ses produits.
Alors que s’ouvre la période des achats de Noël, la Nintendo Switch et sa version Lite sont des produits qui risquent de se retrouver sous le sapin… Mais, sur la base de remontées concordantes, l’UFC-Que Choisir se doit d’informer les consommateurs que les manettes « Joy-Cons » souffrent de défauts de fonctionnement récurrents. Plusieurs témoignages ont porté à notre attention une grosse défaillance du joystick directionnel. Ces pannes apparaissent quelques mois après l’achat, quel que soit le profil du joueur (âge, fréquence d’utilisation, etc.).
Mario ne répond plus, mais NINTENDO n’assume pas !
Le cycle de vie réduit de ces manettes est d’autant plus inquiétant que ces pannes font rarement l’objet d’une réparation ou d’un échange gratuit par la marque une fois la garantie-constructeur dépassée. En effet, lorsque le consommateur renvoie à Nintendo son « Joy-Con » défectueux, le fabricant lui propose son remplacement par une nouvelle manette moyennant 45 €. Le joueur a alors le choix entre trois options :
- Accepter cette proposition,
- Se faire renvoyer sa manette défectueuse moyennant 15 €,
- Ou laisser Nintendo détruire son produit.
Nintendo ne semble pas favoriser la réparation de sa manette. De plus, la marque ne peut ignorer le défaut de fabrication de ses « Joy-Cons » compte tenu de la récurrence de cette panne. Elle ne semble pas vouloir mettre en œuvre de solution technique car il apparaît que certains modèles de Switch Lite souffrent déjà de cette panne, alors que la console n’a été lancée qu’en septembre 2019.
L’UFC-Que Choisir considère que ces pratiques, visant à réduire délibérément la durée de vie du produit pour en augmenter le taux de remplacement, relèvent de l’obsolescence programmée.
L’UFC-Que Choisir met donc en demeure formellement Nintendo de réparer gratuitement les manettes « Joy-Cons » et les Nintendo Switch Lite présentant ce défaut dans les meilleurs délais. A défaut, l’association ne manquera pas d’agir en justice.
L’association invite les consommateurs victimes de ce défaut à compléter l’appel à témoignage afin de nous faire part de leur expérience sur cette panne et de l’éventuelle prise en charge proposée par Nintendo.