La pêche durable reste à quai ! #OnVeutPlusDuChalut
Deux ans après sa première enquête qui épinglait l’absence de politique d’approvisionnement durable en poissons frais dans la grande distribution, l’UFC-Que Choisir publie une étude sur 8 nouvelles espèces, démontrant que les professionnels n’ont aucunement amélioré leurs pratiques en matière de protection des ressources halieutiques, notamment en s’évertuant à utiliser massivement le chalut. Face à l’irresponsabilité des professionnels et des distributeurs et à la complaisance des pouvoirs publics, l’UFC-Que Choisir appelle les consommateurs à dire #OnVeutPlusDuChalut en choisissant des poissons pêchés avec des méthodes plus durables et demande aux pouvoirs publics de créer un étiquetage sur la durabilité de la pêche enfin compréhensible.
Malgré les quotas de pêche instaurés il y a plus de 30 ans par la Politique Européenne de la Pêche (PCP), l’état des stocks de poissons dans les mers européennes reste très préoccupant : 88 % sont actuellement surexploités ou voient leur capacité à se reconstituer menacée selon l’Agence Européenne pour l’Environnement.
En 2018, l’Association révélait que 86 % des cabillauds, des soles et des bars étaient pêchés de manière non-durable. En 2020, pour les besoins de sa nouvelle enquête(1), 119 associations locales de l’UFC-Que Choisir ont relevé à travers toute la France, dans 139 poissonneries de quartiers et dans les rayons poissonnerie de 1072 supermarchés et hypermarchés(2), les logos, les méthodes et les zones de pêche de 8 espèces menacées par la surpêche : baudroie, hareng, langoustine, lieu noir, maquereau, merlu, sardine et turbot. Les résultats de l’enquête montrent que tous les professionnels enquêtés continuent à éluder le thème crucial de la durabilité du poisson.
81 % de poissons frais non durables : le chalut, voilà l’ennemi !
Alors que la durabilité d’un poisson dépend tout à la fois de la bonne santé des stocks et des méthodes de pêche utilisées, nos relevés au rayon poissonnerie montrent que deux tiers des poissons sont capturés dans des stocks déjà surexploités. A ce titre, on ne peut que déplorer le peu d’entrain mis par le gouvernement français à défendre une meilleure gestion des quotas de pêche au niveau européen. En termes de méthode, le chalut est très majoritaire dans nos relevés (74 %). Or, il est massivement non durable : le chalut retient quantité d’espèces non ciblées (ce qui en fait l’une des principales causes de mortalité des cétacés) et, pour ce qui est du chalut de fond, il détériore fortement, en raclant les fonds marins, la flore et la faune marines. Si, dans de rares cas, le chalut peut être une méthode de pêche acceptable(3), l’information donnée aux consommateurs ne permet pas de les identifier facilement : en l’état actuel des choses, cette méthode est donc à bannir !
En croisant les méthodes de pêche avec les zones de capture, on calcule qu’au global 81 % des poissons examinés sont pêchés de manière non-durable. Le turbot, la baudroie et le lieu noir affichent les plus mauvais résultats avec respectivement 99 %, 98 % et 93 % de poissons non-durables.
Par ailleurs, nos relevés démontrent que 55 % des lieux de vente proposaient au moins une des 4 espèces en période de reproduction lors de l’enquête (lieu noir, baudroie, merlu et hareng), participant ainsi à la fragilisation de ces stocks.
Les poissonneries de quartier ne font pas mieux que la grande distribution
Aucun distributeur n’a véritablement progressé depuis notre précédente enquête : 11 points seulement séparent Casino, l’enseigne la plus mal notée (87 % de poissons non durables) et Cora la moins mal classée (76 %). Quant aux poissonneries de quartier, elles ne sont pas meilleures élèves avec 79 % de poissons non durables.
Les résultats sont encore plus catastrophiques au rayon surgelé puisque 95 % des poissons examinés se révèlent non durables, notamment à cause du chalut qui est utilisé par exemple dans 5 références sur 7 chez Picard, et dans 7 références sur 9 chez Thiriet.
Affichage, logo MSC : l’information des consommateurs reste en rade
En l’absence de politique d’approvisionnement durable chez les professionnels, il est d’autant plus crucial que les consommateurs puissent identifier par eux-mêmes les poissons à éviter. Or, bien qu’elle soit obligatoire depuis 2014, l’information réglementaire est trop souvent aux abonnés absents : les méthodes de pêches sont absentes sur un quart des poissons, et la zone dans plus d’un cas sur dix. Et quand elle est indiquée, elle est trop souvent indéchiffrable par un consommateur non expert, car exprimée par un code (exemple relevé par nos enquêteurs : FAO 27.6).
Quant au logo du Marine Stewardship Council (MSC), s’il garantit que les poissons ne sont pas issus de stocks surexploités, il est trop complaisant avec le chalut, qui est relevé sur 69 % des poissons frais et 74 % des poissons surgelés labellisés MSC. En conséquence, 84 % des poissons frais et 66 % des poissons surgelés portant le logo MSC sont en réalité non durables !
Décidée à obtenir une vraie durabilité du poisson frais et surgelé vendu dans le commerce, l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics de :
- Diligenter des contrôles sur la bonne application de la réglementation ;
- Défendre au niveau européen une gestion plus durable des quotas de pêche ;
- Créer un indicateur simplifié intégrant les trois dimensions de la durabilité : zone de capture, méthodes de pêche et saisonnalité.
Dans cette attente, l’Association appelle les consommateurs à :
- Bannir de leurs achats les poissons pêchés au chalut ou dont la méthode de pêche n’est pas indiquée ;
- Diversifier leurs achats en privilégiant les espèces dont les stocks sont les plus fournis (par exemple sardines, merlan, hareng, anchois, maquereau) ou peu connus (vieille, plie, tacaud…) ;
- Proscrire les achats de poissons de grands fonds (notamment sabre noir, grenadier, lingue bleue) du fait de la grande fragilité de ces stocks.
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Nintendo : L’UFC-Que Choisir dépose sa première plainte pour obsolescence programmée
Dans le cadre de son combat contre l’obsolescence organisée, et après avoir analysé les manettes Switch dans le cadre d’un test laboratoire, l’UFC-Que Choisir porte plainte auprès du Procureur de la République, ce jour, contre Nintendo pour obsolescence programmée.
Après la dénonciation par l’UFC-Que Choisir des dysfonctionnements affectant les manettes Switch en novembre dernier, plus de 5000 consommateurs se sont manifestés auprès de notre association, en seulement 48h, pour dénoncer la même panne récurrente du « Joy-Con Drift » touchant leurs manettes de la console Nintendo Switch : la manette subit des mouvements fantômes inopinés, qui empêchent les consommateurs d’utiliser correctement leur console de jeux.
Des témoignages persistants malgré les engagements de Nintendo
En janvier 2020, suite à l’intervention de notre association, le PDG de Nintendo France s’est engagé à réparer les manettes sans difficultés, même hors garantie.
Pourtant, les signalements ont continué d’affluer auprès de l’association. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 65 % des consommateurs victimes ont constaté cette panne moins d’un an après l’achat des manettes. Elle apparaît quel que soit le profil ou l’âge du joueur, même en jouant moins de 5h par semaine. 25 % des consommateurs ont même vu la panne survenir dans les 6 mois après l’achat, malgré la faible utilisation de la console.
Une expertise en laboratoire nécessaire
Devant l’ampleur des plaintes, l’UFC-Que Choisir a fait diligenter une expertise sur plusieurs manettes défectueuses, plus ou moins récentes, afin d’analyser l’origine de cette panne.
Les experts ont relevé que des modifications ont été réalisées par Nintendo dans la conception de ses manettes, il y a quelques mois, mais pas sur le problème à l’origine des pannes.
Alors que Nintendo était informée de ce dysfonctionnement, le géant nippon a choisi de ne pas intervenir sur les composants sujets à cette panne.
En effet, dans l’ensemble des échantillons analysés, les experts sont unanimes. Deux causes sont (plus que vraisemblablement) à l’origine de la panne :
- une usure prématurée des circuits imprimés ;
- un défaut d’étanchéité qui entraine une quantité inquiétante de débris et poussières au sein du joystick, dont l’origine paraît être à la fois interne et externe.
L’inertie de Nintendo face à ce dysfonctionnement
Les excuses du PDG de Nintendo, prononcées en juillet dernier, ne trouvent donc pas de traductions concrètes. La société continue de vendre des manettes qui ont vocation à tomber en panne avant la fin de la première année d’utilisation, en connaissance de cause.
La nature de la panne, sa fréquence d’apparition auprès des joueurs, la durée de vie limitée de ces produits, et l’inertie de Nintendo pourtant informée du dysfonctionnement… sont autant de caractéristiques qui indiquent que Nintendo s’adonne à des pratiques d’obsolescence programmée.
Echanger ou réparer des produits, qui ont une probabilité non négligeable de tomber à nouveau en panne sous un an, ne peut être qu’un remède provisoire. Le dysfonctionnement étant connu depuis 3 ans, il est indispensable que le géant nippon suive désormais un scénario curatif plutôt que correctif.
Alors que Nintendo fête le 35ème anniversaire de son personnage mythique « Mario », il est important de rappeler que l’expertise acquise au cours de ces années doit être mise au service des consommateurs. Il serait ironique de constater que le père du célèbre plombier ne parvienne pas à colmater un problème d’étanchéité de ses manettes…
Déterminée à ce que Nintendo revoit la fabrication de ses manettes pour éviter l’apparition quasi systématique de cette panne, l’UFC-Que Choisir porte donc plainte ce jour auprès du Procureur de la République de Nanterre.
Dans cette attente, l’UFC-Que Choisir invite les consommateurs à contacter le service après-vente de Nintendo pour obtenir la réparation gratuite de leur manette défectueuse. Un guide, étape par étape, est disponible sur notre site quechoisir.org. L’UFC-Que Choisir met à disposition des consommateurs un formulaire permettant de signaler un refus de prise en charge gratuite de la réparation des manettes.
Plus largement, pour aider l’UFC-Que Choisir dans sa lutte contre l’obsolescence organisée, notre association appelle les consommateurs à signaler leurs appareils devenus trop vite usés via son « observatoire des pannes ».
Dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes : 31 organisations demandent aux parlementaires d’avoir le courage politique de s’opposer à un projet de loi dangereux
En total contre-pied avec l’ambition annoncée d’un nouveau modèle agricole respectueux de l’environnement et de la santé, le gouvernement vient de présenter un projet de loi pour permettre – dès la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes – une dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes. Cette dérogation qui n’est dans les faits pas circonscrite à la culture de la betterave, ouvre la boîte de Pandore. Nos organisations de protection de l’environnement, de la santé environnementale, représentatives des consommateurs, des salariés et issues du monde agricole demandent, au travers d’un courrier adressé aux parlementaires, de s’opposer avec détermination à ce nouveau recul en matière de transition écologique et sociale.
Les raisons que nous évoquons pour s’opposer à cette dérogation couvrent notamment les points suivants :
– Les néonicotinoïdes ont des effets délétères avérés inacceptables sur les insectes pollinisateurs et sur la biodiversité, sur la qualité des sols et de l’eau, et sur la santé humaine. Vingt ans d’études scientifiques l’ont prouvé et ont abouti à la décision de les interdire. Accepter la réautorisation des néonicotinoïdes est en contradiction totale avec les alertes des scientifiques (invitant à protéger davantage la biodiversité) et encourage un modèle agricole à bout de souffle. Cela conduirait nos agriculteurs dans une impasse.
– Les solutions alternatives au recours de ces produits dangereux existent et doivent être développées et soutenues. En dernier recours, des fonds d’urgence éco-conditionnés peuvent être débloqués durant la transition pour compenser d’éventuelles pertes et transformer les pratiques agricoles.
– L’opinion rejette massivement ce recul inacceptable proposé par le gouvernement. 7 français sur 10 se disent opposés à cette dérogation d’après un récent sondage. Près de 130 000 citoyens et citoyennes ont également signé une pétition contre la dérogation en seulement quelques jours.
Fortes de ces raisons, nos organisations en appellent au courage politique et au bon sens des parlementaires en refusant de voter en faveur de ce projet de loi qui, s’il était entériné, serait un recul inacceptable.
Les 31 organisations signataires :
Générations Futures, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, le Syndicat National d’Apiculture, Agir pour l’Environnement, Attac France, Bio consom’acteurs, Combat Monsanto, la Confédération Paysanne, la Fédération CGT Equipement-Environnement, la Fédération Nature & Progrès, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Foodwatch France, France Nature Environnement, Greenpeace France, Ingénieurs sans frontières, Justice Pesticides, les Amis de la Terre, la Ligue de Protection des Oiseaux, Nous voulons des coquelicots, Pollinis, le Réseau Environnement Santé, Terre et Humanisme, Terre d’Abeilles, UFC-Que Choisir, l’Union nationale des apiculteurs français, l’Union syndicale Solidaires, WECF France, WWF France, Eau et rivières de Bretagne, le Mouvement Inter-régional des AMAP.